L’Odyssée des migrants au Maroc

Le projet au Maroc

Autre finis terrae (terre de bout du monde), le Maroc accueille malgré lui et comme il peut des milliers d’émigrants venus d’Afrique sub-saharienne en quête d’un passage pour l’Europe.

D’autres déracinés s’y retrouvent aussi venus eux du Moyen Orient, entre autres des Syriens, qui espèrent trouver en terre musulmane une aide pour franchir le détroit.

Des associations humanitaires comme l’AMESIP ou la fondation Orient-Occident aident d’une part ces personnes déplacées à effectuer les démarches administratives indispensables et d’autre part, à s’intégrer le temps de leurs séjours au Maroc.

Pour certains, celui-ci  peut devenir définitif : les enfants reçoivent alors des cours d’arabe pour intégrer les cursus scolaires et les plus grands se voient proposés des apprentissages dans la restauration ou la coiffure.

Ce sont, entre autres, à ces associations ressources que nous nous sommes adressées pour être relais dans le projet de l’Odyssée des migrants au Maroc.

Nous avons mis en place un atelier de création de spectacle ayant pour support l’Odyssée d’Ulysse dans le cadre du festival Karacena 2018.

Comme le héros grec, les migrants ont vécu mille épreuves avant d’arriver aux portes de l’Europe où ils espèrent trouver un foyer, du travail, une vie décente loin de la guerre, de la famine ou des persécutions religieuses.

Ces ateliers de création, multi formes, ont été animés par:

François Gourgues – décor, accessoires, dessins;
Céline Lambre – professeur de chant et chanteuse;
Christine Darrigade;
Agnès Duclos;
Letizia Santucci;
Genia Konstantinova;
Delphine Dubois-Fabing;
Joseph Moisson et Thomas Ruales – interprètes et animateurs d’atelier théâtre.

L’équipe est aussi composée de:

Xavier Guicherd – Delannaz – administrateur et régisseur de tournée
Aude Fabulet – blog
Anne Marchal – vidéaste
et Jean-Luc Moisson – metteur en scène

Cette équipe de professionnels ont intégré au spectacle six circassiens de l’école SHEMS’Y ainsi que 18 migrants sub-saharien dont les chants, les paroles et les musiques témoignent de l’universalité de ce projet.

Les apprentis de l’école de cirque Shems’y y ont joué un rôle prépondérant en interprétant divers protagonistes de cette épopée car, grâce à leur art, ils ont apporté une dimension onirique et spectaculaire, propre à cette Odyssée.Un lauréat sorti de l’école en 2017, Yassine Hmaine, les a accompagné tout au long du projet et leur a servi de coach.

Après trois repérages et résidences de création et stages animés par François et Jean-Luc entre janvier et juillet 2018 pour intégrer le apprentis de Shems’y, le mois d’août a été consacré à la mise en œuvre du projet avec toute l’équipe. La restitution du travail présenté sous forme d’un feuilleton comporte six épisodes, chacun narrant une épreuve d’Ulysse qui s’est déroulé dans un endroit différent de la ville de Salé. Les spectateurs ont été invités à poursuivre l’aventure le lendemain à la même heure dans un autre lieu et le tout, six jours durant pour finir le 6ème jour dans un lieu emblématique: le Borj Adoumoue.

La vie des migrants s’est mêlée à celle des héros grecs pour qu’ils puissent témoigner et deviennent  à leur manière les héros des temps modernes.

Une exposition « Dessins et peintures d’exil » réalisés pendant la création du spectacle s’est déroulée à La Maison de l’Internationale de la ville de Grenoble du 6 au 28 octobre 2020.
Pour rencontrer les migrants, François Gourgues, constructeur et scénographe, a proposé des ateliers d’arts plastiques aux participant-es. Est rapidement venue l’envie d’intégrer certaines de leurs peintures au spectacle. Puis, de continuer
d’explorer ensemble, de dessiner, de peindre, les dimanches, dans le riad qui nous abritait. Un solide petit groupe s’est alors formé. Un atelier du dimanche. En exil au Maroc.
Inspirés par l’Odyssée et leurs propres parcours, les dessins et peintures ont revêtus des formes très variées, libres et extrêmement poétiques. François est reparti avec une malle remplie de plus de deux cents dessins et peintures.
Il a prolongé l’aventure en photocopiant une bonne partie de leurs dessins, sur du papier de qualité, avec un portrait en mots de l’artiste collé au dos, de façon à pouvoir les proposer à la vente.
L’intégralité des sommes touchées leur est reversée. Une aide qui leur est précieuse.

Les artistes ont continué leurs productions et c’est aujourd’hui un panel de toutes leurs créations que nous vous proposons. Pour alimenter cette exposition, des ateliers de peintures ont été offerts à des membres de l’APARDAP animés par Jean-Luc Moisson.